Le Garçon aux Pieds Nus

Le Garçon aux Pieds Nus

Vivre entouré de plantes.

Chaque dimanche. Lorsque l’on déjeune. Assis à cette table. Entourés des plantes. Je les regarde comme s’il s’agissait de mes enfants.

Toutes regroupées devant les deux fenêtres les plus lumineuses de l’appart. Comme une jungle.

Je ne sais pas si l’on peut dire que j’ai la main verte. En réalité, je les laisse vivre. Je les laisse tranquille. Et je n’ai pas l’impression de faire grand chose.

Benjamin, le petit ficus benjamina acheté chez Ikea n’avait pas duré bien longtemps à l’époque. Je pensais alors que jamais je ne réussirai à m’entourer de plantes.

C’était il y a vingt ans.

Depuis, elles sont une vingtaine. Chacune avec son histoire. Certaines sont de véritables monstroplantes. L’une d’elles fait plus de deux mètres et heurtera bientôt le plafond.

Je crois que si je le pouvais, je meublerai une pièce juste avec des plantes. Et rien d’autre.

Mon rêve. C’est de vivre dans une maison, entouré de plantes.

Le Garçon aux Pieds Nus

L’étoile filante.

Ce n’est pas la première fois que je lui dis qu’il s’agit d’un groupe d’amis que je n’ai pas vu depuis longtemps. Et ce matin, je m’en suis rendu du compte.

C’est en voulant lui expliquer le contexte que j’ai compris qu’il s’agissait de mon mode de fonctionnement.

Je disparais.

Plus ou moins discrètement.
Plus ou moins brutalement.
Plus ou moins longtemps.

Et quand nous nous retrouvons. Parce que nous nous retrouvons presque tout le temps. Je découvre ce que je représentais pour eux. Ma valeur.

Et je me demande alors. Pourquoi ne m’avaient-ils rien dit ?

J’ai toujours eu mille excuses. Ceux-là n’avaient pas été là pour moi quand j’avais eu besoin d’eux. Ces autres m’avaient fait me sentir seul, même entouré. Pour ce groupe, je n’arrivais plus à faire fusionner nos timelines. Et eux, m’avaient donné l’impression d’être la pièce rapportée… de ma pièce rapportée.

Tout tournait toujours autour de moi. De mon ressenti. De ma compréhension de la situation. Ce n’était évidemment pas juste pour les autres. Mais c’était toujours ma seule solution.

Je romps. Je disparais. Je change même de nom. Et je pars à la recherche d’autres personnes avec qui tout recommencer.

Est-ce que Bradshaw avait raison ? Le jour où il m’a écrit que mes attentes étaient irréalistes et que ma conception de l’amitié était erronée.

Disparaître. Mon premier réflexe.

J’ai ressenti tout cela à nouveau récemment. L’envie de couper les ponts. Une année. Et de revenir. Différent. Parce que la situation à laquelle je faisais face impliquait que je revienne plus fort.

Mais je ne disparais jamais une année seulement. Je le sais. Et je sais aussi que le destin nous replace toujours sur le même chemin.

Mais nous sommes alors toujours dix ans plus tard. Et nos vies ont avancé. Et je ne peux pas tout réparer.

Souvent, je suis accueilli à bras ouvert. Et parfois, je ne suis plus le bienvenu.

Tu m’as brisé le coeur, m’avait-il dit, à mon retour quatre ans plus tard.

Lorsque j’étais Czech-Boy, j’avais écrit un billet dans lequel je me comparais à une étoile filante lancée à vive allure. Incapable de se poser. Toujours en mouvement. Et dix-sept ans plus tard, je me rends compte que je n’ai pas changé.

C’est et cela a toujours été mon seul moyen de me préserver.

Le Garçon aux Pieds Nus

Est-ce que tu me dirais “oui” à nouveau ?

Après avoir découvert que cela faisait presque 16 ans que j’étais avec Kévin Bacon, l’un de mes collègues m’a demandé.

Est-ce qu’aujourd’hui, tu lui redirais “oui” ? Est-ce que si vous vous rencontriez aujourd’hui, vous seriez ensemble ?

J’ai répondu “Encore plus”. Je crois que si je le croisais, je me retournerais mille fois dans la rue pour le regarder. Je n’imagine pas un endroit où nous ne sommes pas ensemble. Ni même une époque.

Mon collègue m’a alors demandé. Et Lui ? Qu’est-ce qu’il répondrait ?

J’ai souri et pensé à sa réponse. J’ai visualisé un bus, dans lequel auraient pris place Vieillesse, Poids et Calvitie. Me percutant à vive allure.

Et j’ai dit.

Non.

Le Garçon aux Pieds Nus

Résolutions.

Dans ma liste de résolutions pour la nouvelle année…

  1. arrêter de compter les marches
  2. réduire mon temps d’écran sur mon téléphone
  3. bloguer plus régulièrement

Il me sera difficile, voire quasi impossible, de limiter certains de mes “rituels”. Décomposer des mots lorsque je monte les marches, quand je ne les compte pas, par exemple, me semble un projet ambitieux pour cette année.

Mon désamour des réseaux sociaux, ma haine du scrolling et ma volonté de récupérer du temps pour moi m’ont permis de réduire mon temps d’écran. Je n’étais pas bien haut si j’en crois les compteurs de mes collègues ou amis. Mais c’était déjà trop pour moi. 3h40 en moyenne par semaine les yeux sur mon téléphone, c’est plus que ce que j’accepte de donner pour du vent en 2025.

Depuis plusieurs années maintenant, j’observe l’évolution morbide des réseaux sociaux et leur impact négatif sur les gens. Les uns y laissant leur santé mentale, les autres perdant leur humanité et bienveillance derrière leurs écrans. Je ne veux plus en faire partie.

J’ai fini par complètement quitter Twitter une année après l’avoir mis en veille. Et j’ignore encore ce que je compte faire de Meta. Je me suis remis à bloguer de mon côté. Sans audience ni regards. Juste pour moi dans un premier temps.

Et je souhaite le faire davantage cette année. Les bulles que sont les réseaux sociaux explosent et s’effondrent. Et j’espère que les blogs redeviendront une source d’expression personnelle et des espaces de bienveillance.

Enfin. Grande absente de mes résolutions. Exprimer mes sentiments et accepter d’être vulnérable. Je ne peux rien promettre, mais je m’y emploie.

Le Garçon aux Pieds Nus

Quelques jours loin du monde.

C’est agréable. Ces grandes villes qui n’en sont pas. Cette architecture qui dépayse. Ces panneaux de signalisation dans une langue inconnue. Ce vent frais. Ces larges rues qui nous sont étrangères. Déambuler sans savoir où l’on va ni même si l’on réussira à retrouver son chemin. Ces petites terrasses de café, ces pavés et ces noms de magasins que l’on ignore. Ces petits étals de fleurs à chaque coin de rue. Cette foule qui ne se marche pas dessus. Ces beaux garçons blonds sur leurs vélos.

Être incognito. Vivre à l’hôtel quelques jours. Boire du soda local. Être un peu en dehors du temps. Loin des agitations. Des guerres et des conflits. Des horreurs.

C’était agréable d’être loin du monde.

Le Garçon aux Pieds Nus

Blogueur Éternel.

J’avais envie d’un nouvel endroit. D’une nouvelle cabane. D’un nouveau sofa, plein de coussins, entouré de plantes. D’une pièce lumineuse avec de grandes fenêtres. Et peu de rideaux.

Je suis parti de Twitter discrètement et sans bruit il y a plusieurs mois. Je crois que j’attendais l’excuse parfaite pour m’en aller. 

Bien avant son changement de propriétaire déjà, je ne ressentais plus l’envie d’y perdre du temps. J’avais étudié la question, m’étais préparé à arrêter de suivre une bonne partie des profils qui m’ennuyaient. Et je me suis rendu compte que c’était la machine elle-même que je vomissais.

À l’évidence. Je détestais ce que cela montrait des gens. Même des plus sympathiques. Mêmes ceux que j’avais pu croiser à l’extérieur. J’avais envie que les gens redescendent. 

Et lorsque j’ai découvert la liste de likes transphobes de Musk, je me suis dit que je ne pouvais définitivement plus y rester.

Mastodon puis BlueSky… J’ai tout de suite reçu des messages et invitations pour recommencer ailleurs. Mais je crois que je n’ai tout simplement plus envie de cela.

Moi, j’ai juste envie d’écrire. Que je sois lu ou non. De partager. Simplement. Toujours avec cette nostalgie d’avant peut-être. Sûrement.

Je me cherchais un nouvel endroit à mon nom.
Et c’est ici.