Amours Galactica

Amours Galactica

… et pourtant te voilà devant moi dans la rue.

Il t’envoie un message mi-au revoir mi-adieu. Et tu réponds machinalement comme le robot que tu es devenu.

Cela te rappelle un autre avant lui. Plusieurs autres, même. Qui ne sont pas revenus. Et qui t’ont permis d’apprendre la vie depuis. Et de connaître ta place.

Tu n’es pas irremplaçable. Et tu n’es pas inoubliable.

Mais voilà. Tu rentres tranquillement du travail quelques jours plus tard. Et au détour d’une rue. Il apparaît devant toi. Là, sur le trottoir. Face à toi.

Tu souris. Parce que tu reconnais que la Déesse des Hasards et des Coïncidences a parfois une drôle de façon de te faire comprendre qu’elle décide de tout..

Passée votre étreinte amicale habituelle. Vous vous regardez. Il est heureux de te voir. Sincèrement. Et toi aussi.

Vous restez un moment ensemble avant de reprendre chacun votre chemin.

Ton toi-2009, qui doit être sur ton épaule gauche ou droite, te dit d’attendre demain pour lui envoyer un message. J’étais ravi de te voir.

Mais tu n’en feras rien.
Tu as préféré écouter ton Toi-42ans.

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Ce n’est pas encore le moment…

“J’aimerais bien te revoir, mais je veux être honnête : ce n’est pas encore le moment. J’espère que tu comprends mon ami.”

Il y a ce petit quelque chose dans l’air, quand quelqu’un vous coupe de sa vie, qui vous ramène toujours à la dernière fois où quelqu’un s’est en allé. Avec toujours cette appréhension, que lui non plus ne revienne jamais.

Parce qu’un autre avant lui m’avait aussi demandé de lui laisser du temps. Dans un Starbucks. Le 9 juillet 2010. Il y a pratiquement quinze ans de cela.

Et je ne l’ai jamais revu.

C’était le genre de drama qui me rendait dingue en 2010 et me donnait l’envie de m’accrocher davantage. J’avais l’impression par ces envolées tragiques que je vivais quelque chose de grand. Que j’étais quelqu’un d’important. Qu’ils reviendraient. Parce que je me pensais irremplaçable. Inoubliable.

Mais je me racontais des histoires. Et je le sais maintenant.

Lorsque j’ai lu ce message aujourd’hui. Je crois que j’ai répondu une banalité, en soupirant et en n’attendant absolument rien de la suite.

C’était pourtant un ami que j’appréciais beaucoup.

Mais je ne suis plus la même personne qu’en 2010. Je suis un vieux monsieur.

Et les vieux messieurs savent que quand quelqu’un s’en va, c’est que, amis ou pas, rien ne les retient.

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Les Retrouvailles.

C’était la soirée de rentrée au Volley.

L’occasion pour moi de revoir les Chéri.e.s du Volley que je n’avais pas revu.e.s depuis mon changement de niveau.

Beaucoup de Tu m’as manqué. Beaucoup de Je t’aime. Et beaucoup de câlins.

Je suis rentré. Avec sur moi. Mille parfums différents.

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Jérôme.

Je l’ai vu pour la première fois, quelque part, en 1994. Tous réunis dans la salle de spectacle de mon quartier pour la diffusion d’un film.

Peter et Elliott le dragon ou On a marché sur la Lune. Je ne sais plus exactement de quel film il s’agissait. Ce jour-là, le temps que les gens s’installent, l’écran projetait un dessin animé que je ne connaissais pas et qui allait juste me coller à la peau jusqu’à aujourd’hui.

– C’est quoi ce dessin-animé ?
– C’est Sailor Moon, c’est tout nouveau !

Bien assis, mon regard s’est posé sur ce garçon. Debout à l’autre bout de la salle. Il semblait en charge de personnes. Un grand brun, en jeans, chemise et veston – ce que les années 90 faisaient de mieux. J’avais 12 ans à peine. Et c’était déjà un jeune adulte.

Jérome. Je ne sais pas comment j’ai réussi à avoir son prénom. Il était animateur au centre aéré. Et j’allais commencer à le croiser plus souvent.

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de Jérôme ni de nos éventuelles interactions. Je me rappelle simplement qu’il était toujours gentil avec moi. Et que j’avais un crush monstre sur lui.

J’ai fini par ne plus le croiser. Et naturellement j’ai pensé qu’il avait déménagé avant de passer au coup de coeur suivant.

Ce matin. Je l’ai croisé dans la rue. Il était à vélo et toujours aussi mignon. J’avais à présent mon corps d’adulte. Je pense qu’il est impossible pour une personne qui m’a connu plus jeune de faire le rapprochement avec mon apparence d’aujourd’hui.

Alors, j’ai regardé droit devant moi et j’ai souri une fois qu’il m’a dépassé. J’ai souri pour moi. En pensant à mon jeune-moi complètement amoureux. Par nostalgie. Et pour cet heureux hasard.

J’ai parfois envie de leur dire. À ces messieurs sur lesquels j’ai craqué plus jeune. Ma tête était pleine de vous. Mes journaux portaient vos prénoms. Et le moindre de vos regards, la moindre attention, le moindre sourire me plaçait au centre de l’univers.

J’avais l’impression que tout tournait autour de moi.
Alors qu’en fait, je n’étais personne.
Juste un jeune garçon sensible qui avait le béguin.

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Le Garçon d’Antiparos.

On se baladait tranquillement dans les rues d’Antiparos. Avant de reprendre notre ferry. J’avais la tête dans les nuages. Comme toujours.

En passant devant ce café. Mon regard s’est posé sur ce garçon. Assis au bout de la table. Alors que ses amis parlaient et rigolaient. Lui me regardait moi. Avec une expression familière.

Ce regard. Cette gêne. Ce léger sourire. Comme si l’on se connaissait. Mais d’où ?

Pas d’ici. J’en suis certain.

Pas de cette île. Pas de ce pays. Pas même de cet univers ou de cet espace-temps.

Où avais-je déjà pu voir ce grand garçon blond aux yeux clairs ?

Alors que je continuais à marcher, je me suis raconté notre histoire. Et elle n’était pas gaie. C’est pourquoi il y avait cette tristesse mêlée à de la culpabilité dans son regard.

Il m’avait fait mal. Alors que c’était un garçon bien.

C’était l’ami d’un collègue. On s’était rencontré à une soirée. Il m’avait tout de suite plu. Grand, blond aux yeux verts, il était très indépendant. Un peu nerveux et impatient. Et surtout peu bavard.

Il m’a poké sur Facebook le lendemain. Quand Facebook était encore cool. Et on s’est ajouté.

On s’est retrouvé un soir après le travail pour un jap. Il était dur à lire. Et j’avais l’impression de devoir faire mille efforts pour le séduire.

Alors que je pensais que tout était perdu, il m’a embrassé. Juste avant de nous quitter. Inattendu et furtif.

Je suis descendu dans le métro, sur un petit nuage. Et lui, est parti récupérer sa voiture. Je me suis empêché de lui envoyer un texto et je me suis couché.

Au réveil, j’ai vu qu’il m’avait envoyé un message. À 3h02. Bingo !

Il habitait en banlieue. Dans le 95. Et pour notre date suivant, il est venu me chercher au travail. Et m’a conduit chez lui en voiture. J’étais tellement excité. Tout m’excitait. Lui. Le fait qu’il conduise. Sa façon de serrer la mâchoire. Sa main ferme sur le volant. Il avait l’air si tendu, si dur.

Le programme était simple. Soirée films et pizzas. La soirée parfaite.

Mais à peine le film en route, mon bras contre son bras, ma cuisse contre sa cuisse. Il m’était impossible de penser à autre chose. Je le voulais maintenant. Tout de suite. Et c’était réciproque.

Nous n’avons pas eu le temps de mettre le film sur pause que nous étions déjà l’un sur l’autre. Tout habillés. Il me serrait fort les poignets. Comme pour garder le contrôle. Mais j’avais plus de force que lui.

C’était très physique. Chaud. Il transpirait et rougissait beaucoup. Ses joues, ses oreilles, son corps par endroits. C’était bon. Très bon.

Cette nuit-là, nous n’avons fait que ça.

Alexandre et moi sommes sortis ensemble trois mois seulement avant qu’il m’annonce que c’était terminé. Il n’était tout simplement pas tombé amoureux.

Le coeur brisé. Frustré. Je me suis rendu compte que je n’avais jamais réussi à entrer.

Je ne l’avais plus jamais revu. Jusqu’à maintenant.

J’ai entendu mon prénom. On me demandait où je m’étais encore échappé. Nous étions au bout de la rue. Prêts à traverser. Et je venais de créer une réalité dans laquelle ce garçon mystérieux et moi nous étions connus.

Encore aujourd’hui, j’ai son visage en tête. Je me demande pourquoi il m’a souri. Pourquoi comme cela. Et chaque fois que je pense à lui. J’ai l’impression d’être sur le point de me souvenir de quelque chose. Et je n’y parviens pas.

Qui que soit ce garçon.
Je lui dédie ce billet.