Oslo Ohara

Si j’avais une page Wikipédia, elle ressemblerait sûrement à cela.

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Oslo Ohara est un pédéblogueur français né au début des années 80 en petite couronne parisienne.

Après un début timide, il se fait connaître par son blog Beur-Boy en 2006, au style provocateur et sensuel avant d’effectuer un virage plus intime en 2007.

Connu pour son style épuré avec une pointe d’humour, il est d’abord très prolifique avant de régulièrement marquer des pauses dans le blogging.

En 2023, alors qu’il quitte progressivement Twitter suite à l’arrivée d’Elon Musk, il décide de bloguer à nouveau de façon discrète.

Biographie

Enfance et adolescence

Aîné d’une fratrie de trois garçons, il s’imagine très tôt écrivain et commence à régulièrement écrire des histoires. Enfant de la télé, il s’amuse à enregistrer sur cassette audio des épisodes de fiction le mettant en scène.

Émotionnellement et physiquement précoce, il se rend compte très rapidement qu’il est en décalage avec son genre et élabore une histoire visant à expliquer pourquoi il ne se trouve pas dans le bon corps.

Dès neuf ans, son corps mue. Il est d’abord paniqué à l’idée que l’issue de ces changements l’éloignent complètement de ce qu’il pense être à l’intérieur. “Je devenais un garçon et j’étais terrorisé. J’avais vu mes copines entrer dans leur cycle les unes après les autres. Elles allaient devenir des femmes. Mon corps à moi ne suivait pas les mêmes bouleversements. Mes poils poussaient, mon corps et mes pieds s’allongeaient, mon visage s’est déformé. Je faisais tout pour retarder l’inévitable comme essayer de maintenir ma voix.”

Il plaisantera une fois adulte et dira qu’il aura été en travaux de neuf à vingt et un ans.

Comme tout jeune queer, il se heurte au harcèlement, aux insultes et aux bagarres. Il notera d’ailleurs une évolution rapide des quolibets. D’abord lavette puis femmelette pour souligner son caractère de fille manquée, les insultes passeront très vite à l’identification homosexuelle. Il commence très tôt à être la pédale puis le pédé. “C’était très étrange de voir les gens me traiter de pédé alors même que je ne connaissais ni le mot ni ses implications”.

“Je ne sais pas comment j’ai survécu à tout ça, comment j’ai réussi à ce que ça ne me mine ni ne me détruise jamais. C’était très violent. J’ai grandi et je me suis construit avec. J’ai laissé faire et dire quand je le pouvais et je me suis défendu quand je le devais. J’étais entouré et finalement étrangement populaire et apprécié”.

Il commence progressivement à être happé par ses rêveries et disparaît très fréquemment dans les réalités alternatives qu’il créé. Il est rattrapé une première fois par sa prof de sciences économiques et sociales qui lui fait comprendre qu’elle le sent glisser chaque fois qu’elle le regarde en cours. Il est alors âgé de 17 ans.

L’année suivante, alors à la fac, il fait la connaissance de celles qui deviendront ses meilleures amies. Suffisamment en confiance, il entamera son processus de coming out d’abord auprès de sa mère puis auprès d’elles.

Au sujet du coming out dans un famille maghrébine et musulmane, il dira :

“Je n’ai jamais imaginé un instant que ma mère puisse me rejeter. C’était un soir d’automne pluvieux après la fac, j’avais besoin que cela sorte. Nous avions toujours été très proches et le confident de l’un et de l’autre. Ça a été notre moment à nous deux. Peut-être le plus difficile pour nous deux aussi. Elle m’a exprimé ses peurs, la maladie, la solitude et l’impossibilité, à l’époque, d’imaginer que je puisse fonder une famille. À aucun moment, il n’a été question de religion, de péché ou autre. Elle n’avait pas peur pour elle, elle avait peur pour moi. Nous avons pleuré et tout ce que je retiens aujourd’hui en y repensant, c’est cet amour inconditionnel”.

C’est en 2021 qu’il prend conscience que sa bataille avec son genre est terminée et se sent enfin libre d’en parler.

Débuts et révélation bloguesque

Il commence très tôt à s’intéresser au net et à vouloir s’y faire une place.

En 2004, il crée son premier blog Complex directement en html. Il prend régulièrement l’habitude de décortiquer les pages internet sur lesquelles il tombe pour améliorer l’aspect du blog et se perfectionner.

En référence à son crush pour l’acteur tchèque de films pornographiques, Pavel Novotny, il change le nom de son blog et devient Czech-Boy. Il commence à commenter sur les autres blogs pour se faire connaître et rencontre Cayetano, au blog déjà célèbre.

En pleine spirale créatrice, ils écrivent tous les deux régulièrement sur leurs blogs respectifs et postent des photos sur DeviantART. Il commence également à y dévoiler ses dessins.

À l’été 2006, alors en vacances au pays basque et réalisant qu’il se censure légèrement, il développe l’idée d’un blog lui permettant de parler plus librement de sexe. En rapport à son blog intitulé Czech-Boy, il souhaite cette fois-ci embrasser sa personnalité maghrébine qu’il ne met jamais en avant et pouvoir explorer davantage son côté plus sensuel.

Il crée le blog Beur-Boy sur la plateforme Blogspot. Sulfureux, le blog propose également des photos de célébrités ou mannequins masculins, des reviews d’émissions ou de séries tv. Il commence à attirer les curieux et il est même sollicité par des marques pour proposer des produits.

Il continue en parallèle à écrire sur Czech-Boy comme pour compartimenter ses deux aspects opposés.

En mars 2007, après un billet de blog intime plutôt remarqué, il décide de proposer des billets d’humeur sur une extension du blog, Beur-Boy {Intime}. Plus intéressé à l’idée d’écrire que de simplement poster des photos, il sépare les deux parties avant de progressivement supprimer Beur-Boy {X}.

C’est avec Beur-Boy {Intime} qu’il perce véritablement et entre dans le monde des Pédéblogueurs, un univers vaste de garçons sensibles tenant des blogs variés dont il en rencontrera les grands noms.

Régulièrement invité chez Adam dont il fait la connaissance en premier, il y retrouvera Danopillo qu’il avait déjà rencontré suite à un concours lancé sur son blog, puis plus tard Baron-Rouge et Ekkooo.

La Marche des Fiertés de Paris 2007 (alors simplement Gay Pride) l’amènera à rencontrer Atypik et marquera un tournant pour lui.

Naissance d’Oslo Ohara

En 2009, après une série de ruptures (amoureuse d’abord puis amicales ensuite), il marque une pause dans son blog Beur-Boy. Le besoin d’écrire l’amènera à se créer une nouvelle personnalité en ligne, Oslo Ohara.

“J’avais dessiné cette fille un peu garçon manqué que j’avais appelé Oslo, et j’avais lu plus tard le nom Ohara sur une affiche du métro. (…) Oslo Ohara, j’aimais bien la sonorité, et c’est devenu Moi.”

Il blogue secrètement sous cet alias avant d’être rapidement découvert et revient sur son blog principal. Mais ses billets post-ruptures sont plus amers et tristes et avec l’émergence des réseaux sociaux et la désaffection pour les blogs, il ne parvient pas à susciter le même engouement et le même engagement.

En 2012, il met fin une première fois à son blog et entame une nouvelle aventure bloguesque sous le pseudonyme James & les Hologrammes. L’un de ses billets sur la Manif pour Tous est massivement repartagé. Cette expérience le marquera. “Je me suis réveillé un matin avec une tonne de notifications et de commentaires de personnes que je ne connaissais pas. C’était effrayant.”

Très attaché à Beur-Boy qu’il appelle “son chalet dans les bois”, il revient y poster régulièrement de 2018 à 2022 avant de disparaître à nouveau.

En octobre 2025, il donne enfin des nouvelles de lui et partage qu’il s’est trouvé un nouvel endroit pour écrire.

Style

Son style de blogging est d’abord du type journal. Il sera d’ailleurs une première fois découvert par ses collègues de boulot à cause du référencement de Google lors de sa période Czech-Boy.

Par la suite, il sera connu pour ses histoires plus douces et son humour. Habitué des messages codés, il abusera de son blog pour faire passer des messages et finira par froisser et perdre des proches (sources manquantes).

Il ne parviendra jamais à totalement assumer le caractère sulfureux et autrefois sexuel de Beur-Boy. Sa volonté de ne jamais poster de photo de son visage renforcera l’image stéréotypée de “l’arabe de cité discret et cliché sous testostérone”.

“Les gens imaginaient que j’étais une sorte de boeuf en survet dominateur et ils découvraient en me rencontrant que j’étais Princesse Sarah… j’ai longtemps pensé que j’étais un imposteur parce que je mettais en avant un côté maghrébin qui ne me représentait absolument pas. Il m’a fallu du temps pour diluer tout ce qui me constitue et me laisser être plus authentique. Et bizarrement, c’est ma rupture et le fait d’écrire sur mon coeur brisé qui me l’a permis”.

Il ajoutera que le contraste important entre le personnage de Beur-Boy tel que les gens l’imaginaient et le fantasmaient et sa véritable personnalité l’amèneront à complexer sur sa véritable apparence.

À ce sujet, il reconnaîtra que si Beur-Boy était un personnage, Oslo Ohara n’en est pas. Et c’est toute la différence entre les deux.

Influences

Très attaché aux Magical Girls de son enfance, Oslo Ohara est un fan inconditionnel du manga Sailor Moon de Naoko Takeuchi. Il se dit également très proche du personnage très contesté de Jenny Schecter de la série The L Word.

Il garde une rancoeur absolue envers Netflix pour l’arrêt de la série The OA qu’il considère comme l’une des meilleures séries jamais écrites.

Vie Privée

Oslo Ohara est en couple avec Kévin Bacon depuis 2009. Plutôt discrets, les deux hommes ont emménagé ensemble après le Covid.

Sur sa période Beur-Boy, on lui prête une relation avec le blogueur Atypik. Il écrira à ce sujet en 2020 “en relisant le billet que j’avais écrit à l’époque, je dois admettre que j’étais immédiatement tombé amoureux de ce garçon.” Mais il semble toutefois peu probable qu’Atypik ait partagé de tels sentiments même si leurs proches évoquent “des moments où ils étaient comme dans une bulle, juste tous les deux, et pendant lesquels on se sentait mis à l’écart”.

Interrogé sur son type d’hommes, il répondra “je suis plutôt intéressé à l’idée de savoir de qui je suis le type” en référence à l’une de ses théories selon laquelle on est le type d’homme d’un type d’hommes en particulier. “J’ai toujours attiré les garçons de bonne famille aux jolis yeux et aux talents de cuisiniers…”

Blogographie

Czech-Boy (2004 – 2011)
Beur-Boy {X} (2006 – 2008)
Beur-Boy (depuis 2007)
Oslo Ohara (2009 puis depuis 2023)
James & les Hologrammes (2012 – 2017)

Distinctions

Pour son blog Beur-Boy, il a été cité dans le magazine Sensitif (numéro 23) et Têtu (sources manquantes) et fait également partie de la liste de liens sélect du Matooblog (partie Liages et Copinage).